Fabien Teitgen, élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2021, Château Smith-Haut-Laffite (Bordelais)

Vous qualifiez votre approche de la culture de la vigne de «bio précision». Comment définiriez-vous ce concept ?

Depuis le rachat du Château par Florence et Daniel Cathiard, l’idée a été de mettre en place une viticulture respectueuse des lieux. Pour faire un vin de terroir, il faut que la vigne fonctionne avec son sol. Nous sommes repartis sur une viticulture plus traditionnelle, de «grand-père», en retrouvant un savoir-faire, notamment celui des travaux manuels, en utilisant du compost, etc. Un retour au bon sens paysan centré sur le sol et la plante. Une approche bio en fait. Et le terme «précision» renvoie aux nouveaux outils (cartographie des vignes par satellite, drones, tri optique des raisins) qui nous permettent d’avoir une plus grande capacité à comprendre. Ces deux aspects se complètent.

Le château est-il certifié bio ?

Oui, officiellement depuis cette année. Dès le rachat en 1990, il a été décidé de la suppression des herbicides, de la machine à vendanger et des fertilisations chimiques. Ce n’est donc pas nouveau... Nous avons fait des essais en biodynamie en 1996. Au fil des années, nous nous sommes de plus en plus inscrits dans une démarche bio.

Un mot sur ce millésime 2018 en blanc ?

Un millésime compliqué, avec des difficultés liées au mildiou, un peu de grêle aussi. Finalement, nous avons réussi à bien travailler les raisins restés sur pied et à les faire mûrir. Nous avons vendangé l’esprit relativement tranquille, avec une récolte par tries successives, pas à pas. C’est la dégustation des raisins qui déclenche les vendanges chez nous. Ce millésime s’inscrit dans ce que l’on cherche à faire : des vins avec une belle richesse, de la concentration, mais aussi une bonne énergie. Parler de structure, de consistance pour un vin blanc cela surprend un peu les gens, mais pour moi un blanc, c’est un vin pour la table.

Comment s’est déroulé le millésime 2017, marqué par le gel de printemps ?

Nous avons été très peu impactés sur les terroirs du grand vin, à l’inverse des terroirs du second vin. L’année s’est bien passé par la suite, avec des dates de vendanges et une vinification classique. Nous sommes à 60 % de cabernet-sauvignon, 35 % de merlot, le reste en cabernet franc et petit verdot. C’est un millésime un peu plus frais et tendu que 2015 et 2016. Les vendanges étaient précoces, avec des conditions météo plus fraîches et humides. C’est un millésime avec moins de densité, de tanins, mais qui reste tout de même bien constitué. Une année «classique» dans le bon sens du terme : pas une grande année, mais un bon millésime chez nous.