Domaine de Vial-Magnères : Laurent Dal Zoto est élu vigneron de l'année du Guide Hachette 2021 dans le Roussillon

Pouvez-vous nous expliquer le principe de la solera utilisé pour votre banyuls ambré ?

Laurent Dal Zoto : « Le principe de ce type de vinification vient d’Andalousie. Il consiste à refaire régulièrement le niveau de vins mis en barriques vieilles. La mise en place technique consiste à empiler des barriques remplies de vins de millésimes différents, échelonnés sur plusieurs hauteurs. La rangée la plus basse, contenant le vin le plus vieux s’appelle solera, celle du dessus appelée criadera, le plus jeune. »

Comment les opérations se déroulent-elles ?

Laurent Dal Zoto : « Dans le système dit oxydatif, les barriques ne sont jamais pleines afin de laisser une surface conséquente avec l’air. Dès que l’on prélèvera du vin de la solera pour la mise en bouteilles, on ajoutera du vin de la criadera du haut, et ainsi de suite, pour qu’il y ait plusieurs millésimes dans la criadera, « assembleuse ». Avec une base constante de vin d’un demi-siècle pour la solera. Il y a, toujours, au final, et avant la mise en bouteille, trois millésimes en ordre de bataille. »

Et l’assemblage ? Comment cela se passe-t-il ?

Laurent Dal Zoto : « C’est minutieux. Il se fait à coup de dizaines de litres. Petit à petit. Il faut goûter souvent... »

Plutôt agréable, non ?

Laurent Dal Zoto : « Certes ! Ces dégustations répétées sont avant tout des repères, des guides utiles. Le but étant de présenter un vin toujours identique à lui-même, signature du « style maison solera ». »

Sur le marché, l’originalité gustative des banyuls Solera issus de grenache blanc et gris, a un succès fou ...

Laurent Dal Zoto : « Pas seulement les soleras ! C’est à André Magnères – la cuvée éponyme lui rend hommage – et à son gendre Bernard Sapéras que l’on doit l’engouement pour le rancio et aussi la réussite de l’appellation collioure blanc. L’antériorité, ça aide ! Et comment ne pas citer André, l’aïeul, et sa fille Andrée, 95 ans aujourd’hui, à qui l’on doit l’envol du domaine, dû en particulier à des cuvées fétiches dont les mémoires sont imprégnées. Je me sens plutôt fier d’apporter aujourd’hui ma contribution à cette notoriété. »