Vincent et Emmanuel Ogereau, Domaine Ogereau, Vignerons de l'année en Vallée de la Loire

Au cœur de l’Anjou noir, entre les rives du Layon et les coteaux schisteux de Savennières, le Domaine Ogereau incarne l’élégance ligérienne dans ce qu’elle a de plus vibrant. Le chenin ‒ le « ch’nin », comme on dit ici ‒ n’est pas un cépage : c’est une langue, une manière de dire la terre.

L’histoire commence à la fin du XIX^es. à Saint-Lambert-du-Lattay. Une famille de paysans plante ses premières vignes sur les coteaux du Layon. De génération en génération, le domaine se structure, s’affine, se transmet. C’est Vincent Ogereau, dans les années 1980, qui donne au domaine sa forme actuelle : il développe la mise en bouteille, affine les vinifications, et affirme une vision exigeante du métier de vigneron. En témoignent, les pluies d’étoiles et les multiples coups de cœur qui scandent l’histoire commune entre le domaine et le Guide Hachette.

Puis en 2014, le fils, Emmanuel, ingénieur agro formé à l’œnologie qui a roulé sa (jeune) bosse de l’Oregon à la Nouvelle-Zélande, revient épauler son père au domaine familial. Curieux et engagé, il incarne la relève avec une approche parcellaire et une grande finesse d’interprétation. « Il passe ses week-ends à faire des carottes ! », nous racontait son père à l’époque.  Comprenez : il creuse des trous dans les parcelles alentours pour voir un peu ce qui se passe en dessous. Le garçon est revenu de son périple avec une idée claire : travailler chaque parcelle comme un cru, révéler la singularité de chaque lieu-dit et faire du chenin un interprète fidèle de cette mosaïque de terroirs. Et Emmanuel le connaît bien son Anjou. Il sait que, sous l’apparente bonhomie des paysages, se cache une géologie bouleversée qui fait se côtoyer schistes en tout genre, grès parfois, calcaire aussi et roches volcaniques.

Et il reste encore des terroirs à défricher (et déchiffrer) sur ce domaine aujourd’hui étendu sur 25 ha, conduits en bio, aux sols variés : schistes bruns, grès, sables éoliens, argiles profondes. Une diversité géologique qui, combinée à un climat doux et humide, offre au chenin un terrain d’expression d’une rare richesse.

Comme à Beaulieu, sur la rive droite du Layon, où le père et son fils ont arpenté des coteaux arides et caillouteux, riches en spilite, trouvé une friche et huit rangs de vieilles vignes qu’ils ont rachetées à un couple de vignerons à la retraite. Ils ont défriché et replanté petit à petit avec des sélections de chenin issus de leurs vieilles vignes.

Un lieu qui porte le nom de Pierre Bise. Pierre pour la spilite donc, cette roche volcanique rare dans le paysage ligérien. Et Bise pour ce vent qui balaie les hauteurs, sèche les raisins, affine les maturités. L’ensemble confère au vin une finesse et une minéralité à rendre jaloux Chablis. Un grand terroir qui a engendré un grand vin en 2023, ciselé par la roche et sculpté par le vent.