Famille Deffarge, élus vignerons de l'année du Guide Hachette 2020, Ch. Moulin Caresse (Sud-Ouest)

Votre mari Jean-François Deffarge se dit « autodidacte » en œnologie…

Il s’est formé aux côtés de son père, qu’il a rejoint en 1972 comme aide familial dès l’âge de seize ans, avant de prendre les rênes du domaine en 1980. Son grand-père était cofondateur de la coopérative de Port-Sainte-Foy, son père est resté coopérateur et Jean-François est devenu administrateur de la cave. Il rêvait cependant de faire son vin de A à Z et élaborait des cuvées à partir de quelques parcelles. Il a pris son indépendance en 1994. BTS en poche, nos fils Quentin et Benjamin nous ont rejoints. D’abord salariés, ils sont cogérants depuis 2011. Quentin, expert en commercialisation, travaille beaucoup avec moi, et Benjamin, passionné de vinification et de viticulture (il a créé des outils), avec son père. Quatre salariés permanents et des occasionnels renforcent l’équipe.

À quand la bio ?

Nous avons obtenu la certification Haute valeur environnementale niveau 3, qui implique déjà bien des contraintes. Pour traiter les vignes, nous utilisons ainsi un pulvérisateur confiné à panneaux, qui récupère les intrants en excès (soufre, cuivre) : moitié moins de produits achetés, moins de produits dans l’air et dans les sols. La bio est en ligne de mire.

Premier coup de cœur, un haut-montravel (blanc liquoreux) 1994. Neuf autres ont suivi…

Nous présentons surtout nos vins rouges de garde, fers de lance du domaine, des bergerac et des montravel plus ambitieux. Des assemblages de merlot (au moins 50 %), de cabernet franc, de malbec et parfois de cabernet-sauvignon, issus des coteaux argilo-calcaires. En 2015, le 2010 de la Grande Cuvée 100 pour 100 a été qualifié de « bombe » par le président de la République d’alors ! Les blancs, qui marient sauvignon, sémillon et muscadelle produits sur les terres de boulbènes du plateau, sont secs (montravel) ou liquoreux (haut-montravel). Nos fils ont introduit une gamme en IGP Périgord, Les Frangins. À notre carte, pas moins de quinze cuvées.

Ce millésime 2016 a-t-il été facile ? Et le suivant, frappé par le gel ?

Tardive, en raison de la canicule de juillet qui a retardé la maturation, l’année 2016 a été superbe, tant en volume qu’en qualité, avec du fruit et de la fraîcheur. En 2017, par chance, le terrible gel de printemps n’a touché notre vignoble – en coteau – qu’à 10 %, mais nous avons perdu 45 % de la récolte en raison de la fraîcheur et de l’humidité. Année précoce, avec des vendanges rentrées un mois plus tôt que l’an dernier (dès fin août pour le sauvignon), 2017 s’annonce fort bien.