Rencontre avec Lucien Guillemet, Château Boyd-Cantenac, Margaux 2009 (Grappe d’Or du Guide Hachette des Vins 2013)

Publié le 01-01-2012
Tout d’élégance et d’équilibre, de tanins soyeux, tel se présente ce Château Boyd-Cantenac, un vin rouge venu des croupes de graves du plateau de Cantenac, à Margaux. Les experts du Guide Hachette des Vins ont décerné la Grappe d’Or du Guide 2013, récompensant les meilleurs viticulteurs sélectionnés, à son auteur : Lucien Guillemet, un vigneron aux convictions bien ancrées.

Des Boyd aux Guillemet : l'histoire du domaine 

Jack Boyd était un huguenot irlandais, Écossais de souche, établi à Belfast comme négociant en laine. Quand son commerce périclita, il émigra comme nombre de ses compatriotes et vint comme beaucoup chercher fortune sur les quais de Bordeaux. En 1754, il fit l’acquisition de vignes sur le plateau de Cantenac. Plus tard, au début du XIXe siècle, John Lewis Brown, un proche cousin, suivit ses traces. Les domaines s’appellent toujours Boyd-Cantenac et Cantenac-Brown. C’est après cet épisode britannique que les Guillemet entrèrent en scène. Depuis 1906, la famille possédait non loin de là le Château Pouget, et Pierre Élie Guillemet acheta Boyd en 1932. Exit les sujets d’Albion, car en 1843, Brown en faillite avait été démembré et vendu.

Lucien Guillemet, propriétaire de Boyd Cantenac et vigneron

Lucien Guillemet, l’actuel détenteur de Boyd-Cantenac, est l’un des rares propriétaires du Médoc qui soit également vigneron. Il a pris les commandes du domaine au début de 1996. « Je n’avais guère le choix, dit-il. Faire autre chose aurait été une rupture avec mon éducation… Mais je me suis posé la question. » Adolescent, il voulait être aviateur ; il a passé son brevet de planeur, a été sélectionné pour intégrer l’École de l’Air de Salon-de-Provence − le Graal des aviateurs. Pourtant, au sortir du lycée, il choisit la biologie en classes préparatoires, et non les maths. Le plancher des vaches plutôt que les nuages. Il enchaîna l’Agro de Montpellier et la faculté d’œnologie à Bordeaux et débuta chez le négociant Barton et Guestier, avant de rejoindre Margaux et Château Giscours pour une douzaine d’années. En 1996, son père, l’âge venant, l’appela pour prendre sa suite à Boyd et à Pouget.

Un vigneron sans dogmes à Margaux

« Il s’agit d’obtenir des raisins mûrs et sains et de chercher les meilleurs itinéraires pour y arriver. Garder ce qui semble bon de l’empirisme qui a formé la tradition et se séparer de ce qui n’est pas bon. » Telle est la méthode de Lucien à Boyd : « Fuir les dogmes et les raisonnements simples. » Il trouve les purs et durs du bio parfois trop dogmatiques. Il critique par exemple les traitements classiques au cuivre contre le mildiou, bien acceptés par les adeptes du bio. Or les métaux lourds sont néfastes pour la faune et la flore. Lucien préfère une approche différente : comme restaurer les capacités de résistance des plants de vigne, ce qu’on sait faire à présent avec des composés de phosphore. Et pour échapper au « cycle infernal de la chimie », comme il dit, parlant des insecticides, il utilise des pièges à phéromones. Il fut l’un des premiers à les employer à Margaux, il y a une dizaine d’années. Une autre façon, sa façon à lui, de soigner la nature.

Le plaisir d’abord : la motivation de Lucien Guillemet

« Toute l’histoire est de cerner le plaisir, une émotion artistique, une sensation d’épanouissement » dit Lucien Guillemet. « Le caractère de Boyd, c’est sa finesse et son équilibre constants. Parfois il est moins généreux, moins volumineux, mais on n’est pas dans la logique de la fille siliconée. Si on veut trop extraire, on finit par mal faire. » Autre formule bien sentie : « Ce n’est pas à la cave que se fait la création, mais dans la vigne. Le chai c’est de l’interprétation. » Et de citer le professeur Émile Peynaud qui parlait des 36 raisons pour lesquelles on vendange trop tôt à Bordeaux. À Boyd, les vendangeurs sont souvent les derniers à ramasser. Lucien Guillemet a des convictions et elles font merveille, à en juger par le verdict des dégustateurs du Guide Hachette, séduits par son margaux à la robe d’un « rubis à la fois sombre et éclatant… par la subtilité d’un bouquet passant des fruits noirs (mûre) à la vanille et aux épices, apports d’un bois finement dosé. Au palais, élégance et équilibre, puissance maîtrisée, des tanins présents mais soyeux, complexité aromatique (fruits, tabac, épices douces) et finale longue. » Le plaisir, en somme : ouvrez les Guillemets !

Par wluret

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