Jerémy Auger, bartender au bar Le Coq

Jérémy Auger est bartender au Coq, bar à cocktails très couru du quartier République. Il est l’auteur de l’ouvrage Wine Remix, qui prend le vin comme matière première.  Son propos ?  : « Découvrir une nouvelle facette du vin en tirant partie de ses saveurs naturelles et que, question cocktails, boire bon ne signifie plus forcément boire fort. » 

De cocktails à base de vin, il existe des recettes très traditionnelles, pour ne pas dire pépères, comme le Kir dont vous donnez votre version. Constatez-vous un regain d’intérêt pour ces cocktails ? Ou est-ce la vogue des vins aromatisés industriels qui vous a inspiré ce titre ?

Il est vrai que les cocktails à base de vin les plus connus (kir, sangria…) n’ont souvent pas une image très « branchée ». L’engouement autour des cocktails est pourtant très fort et de plus en plus de particuliers cherchent à pratiquer l’art du cocktail à la maison.  Ils s’équipent en matériel, sont plus exigeants sur les produits qu’ils achètent, prennent des cours avec des professionnels (comme au Bar Le Coq) … Connaissant l’intérêt pour la culture viticole en France, il était logique de présenter un ouvrage où les deux univers se rencontrent.

Je pense que les futurs lecteurs de Wine Remix sont des personnes plus concernées sur la qualité des produits qu’ils consomment et privilégient le « DO IT YOURSELF » contrairement aux acheteurs de vins aromatisés qui cherchent, avant tout, la facilité.

Avez-vous testé tous ces cocktails ? Chez vous ou au Coq ? Avec le morceau de musique suggéré ?

J’ai évidemment testé toutes les recettes du livre, surtout celles que j’ai créées pour l’occasion. J’ai préféré les tester à la maison afin d’être dans les mêmes conditions que les futurs lecteurs. Et pour ce qui est de la musique, je connaissais la plupart des morceaux que je conseille. Je les ai choisis surtout par rapport au moment de dégustation.

Pour chaque recette, vous préconisez très souvent un vin précis : côtes-de-provence et non « rosé »,  jurançon moelleux et non « vin doux ». Est-il possible de le remplacer par n’importe quel vin du même type ? Par exemple de remplacer un jurançon moelleux par un coteaux-du-layon angevin ?

De part la diversité des vins que l’on peut trouver, j’ai essayé d’être le plus précis quand au choix du vin en le justifiant. Toutefois, pour la plupart des cocktails, un vin du même « type » fera très bien l’affaire. C’est aussi là que se trouve toute la richesse et l’intérêt des cocktails à base de vin.

Certains prétendent qu’on peut choisir, en cuisine, n’importe quel vin basique, sous prétexte que le vin ne sert que d’ingrédient. Diriez-vous la même chose pour les vins utilisés en cocktail ? Quel est le meilleur profil de vin pour cet usage ?  

Tout au long du livre, je suis loin d’encourager les lecteurs à s’orienter vers des vins dit basiques. N’oublions pas que le vin est ici l‘élément clé de chaque recette et que « qualité » ne rime pas forcément avec « prix qui flambent »! Pour information, les vins que j’ai achetés pour réaliser mes essais m’ont couté entre 5 et 10€ par col (hors Champagne) et ces derniers fonctionnaient parfaitement en cocktails. On peut donc se lancer dans les cocktails à base de vin même avec un petit budget. Éviter simplement les vins trop légers qui risquent de s’effacer face aux autres ingrédients.

En bref, l’objectif de cet ouvrage n’est ni de recycler des « piquettes » ni de trouver de nouveaux débouchés aux grands crus de nos régions. Il est plutôt question de découvrir une nouvelle facette du vin en tirant partie de ses saveurs naturelles.